LES POLLUANTS
Les émissions d'oxydes d'azote (NOx), d'hydrocarbures (HC ; carburants
non brûlés ou partiellement brûlés), de monoxyde
de carbone (CO) sont de plus en plus nombreuses aujourd'hui en raison de
l'augmentation du trafic routier. En 1988, un million de tonnes d'oxydes
d'azote, cinq millions de tonnes de monoxyde de carbone, deux tiers de tonne
d'hydrocarbures et 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone ont été
produits par les véhicules du Royaume-Uni. Cela représente
une pollution de plus de 25 pour-cent supérieure à celle d'une
dizaine d'années auparavant. Les véhicules britanniques produisent
plus d'oxydes d'azote chaque année que tous les autres pays européens,
à l'exception de ceux d'Allemagne de l'Ouest et de la Russie européenne,
bien que le nombre de véhicules par habitant soit inférieur
à celui de nombre de nos voisins.
Les polluants émis par les véhicules à moteur peuvent
provoquer un certain nombre de problèmes de santé et d'environnement.
Par exemple, on a estimé qu'un habitant sur cinq du Royaume-Uni appartient
à l'un des groupes sensibles aux effets de la pollution atmosphérique.
Ces groupes incluent les enfants de moins de 2 ans, les personnes âgées
et les femmes enceintes, ainsi que les personnes souffrant de troubles respiratoires
et cardiaques.
Le plomb. La Royal Commission on Environmental Pollution
(Commission Royale pour la pollution environnementale) a décrit le
plomb comme "un polluant particulièrement important en raison des
quantités libérées, de sa résistance et de sa
dispersion à vaste échelle, ainsi que de sa toxicité
potentielle pour les organismes vivants".
Des recherches récentes ont souligné le fait que le développement
normal des enfants est compromis à des niveaux d'exposition beaucoup
plus bas qu'on ne l'avait réalisé précédemment.
Il est largement démontré que le plomb provoque une
baisse de l'intelligence et un comportement anormal. Il interfère
avec les enzymes qui sont essentiels au bon fonctionnement du système
nerveux. Les adultes sont affectés au même titre que les enfants,
mais les jeunes cerveaux en phase de développement sont plus sensibles.
Dès le stade fœtal, nous sommes tous vulnérables à
la pollution par le plomb.
L'essence plombée est une source importante de la hautement
toxique dioxine TCDD, le chlore nécessaire à la formation
de dioxine provenant du dichlorométhane, l'additif décomposeur
du plomb.
Les oxydes d'azote se forment dans les moteurs par la combustion
de l'oxygène atmosphérique soit avec l'azote atmosphérique
soit avec l'azote du carburant à haute température. La plupart
des oxydes d'azote sont émis dans le carburant sous forme de monoxyde
d'azote qui est rapidement converti dans l'air en dioxyde d'azote, considéré
comme plus dangereux. Le dioxyde d'azote peut avoir un effet négatif
sur les plantes, réduisant leur croissance et induisant des lésions
dans les variétés sensibles. Irritant pour les voies respiratoires,
il peut également être dangereux pour la santé de l'homme
dont il peut également augmenter la sensibilité aux infections
virales.
Les oxydes d'azote jouent un rôle prépondérant dans
la formation des pluies acides et l'on estime qu'ils sont en Europe responsables
à près de 50% de l'acidification des pluies. Ils sont également
d'importants précurseurs de l'ozone des basses couches de l'atmosphère
(troposphérique) (voir la section consacrée aux hydrocarbures).
Le trafic routier contribue pour 45 pour-cent des émissions britanniques
d'oxydes d'azote.
Les hydrocarbures (carburant non brûlé ou
partiellement brûlé) sont émis par les véhicules
à moteur, soit dans les gaz d'échappement soit sous forme
de pertes par évaporation du circuit d'alimentation. Les hydrocarbures
appartiennent à un plus large groupe de composés chimiques
connus sous le nom de composés organiques volatils, auquel appartiennent
également les aldéhydes, les alcools et autres composés
oxygénés volatils. Le trafic routier est responsable de 30
pour-cent de l'ensemble des émissions du Royaume-Uni.
Certains hydrocarbures peuvent avoir des effets désagréables,
tels que somnolence, irritation des yeux, toux, tandis que d'autres, comme
le benzène, sont cancérogènes (voir la section consacrée
au benzène). Ils sont également importants parce qu'ils interagissent
avec les oxydes d'azote pour former de l'ozone des basses couches atmosphériques
(troposphérique). Dans les basses couches de l'atmosphère,
l'ozone est considéré comme un polluant parce qu'il peut être
nocif pour la santé de l'être humain et l'environnement, alors
que dans les couches plus élevées de l'atmosphère,
il a une action bénéfique puisqu'il nous protège du
dangereux rayonnement ultraviolet du soleil. Dans les basses couches de
l'atmosphère, l'ozone peut affecter la croissance des végétaux
et ruiner l'apparence des feuilles, ce qui représente une perte économique
pour la culture des légumes-feuilles. L'hypothèse a été
émise que l'ozone pourrait être l'un des facteurs ayant contribué
à l'endommagement à vaste échelle des forêts
dans une grande partie de l'Europe de l'Ouest. L'ozone peut également
endommager un grand nombre de matériaux naturels et artificiels.
En association avec d'autres oxydants photochimiques formés en même
temps, il peut également être dangereux pour la santé
et provoquer toux, insuffisance pulmonaire, irritation des voies respiratoires
(nez et gorge), irritation des yeux. L'ozone troposphérique est également
un gaz à effet de serre.
Le benzène se trouve à l'état naturel
dans le pétrole brut. Les principales sources de benzène dans
l'environnement sont les échappements des véhicules automobiles
et les pertes par évaporation au cours de la manutention, de la distribution
et de l'entreposage de l'essence. Dans la Communauté européenne,
il a été fixé une limite obligatoire de 5 pour-cent
de benzène, ce pourcentage dépendant principalement du type
de pétrole brut et du processus de raffinage spécifique utilisés.
L'essence sans plomb, en particulier la super, contient probablement une
concentration plus élevée de benzène que l'essence
plombée.
Le benzène est une substance cancérogène connue et
plusieurs études épidémiologiques effectuées sur
les travailleurs exposés au benzène ont révélé
une association statistiquement significative entre les cas de leucémie
aiguë et l'exposition au benzène en milieu professionnel. Il n'est
pas prouvé que l'exposition au benzène aux stations-service
ou dans l'air des villes ait provoqué des cas supplémentaires
de leucémie, mais la seule manière de détecter un lien
entre une faible exposition et l'augmentation des cas de leucémie consiste
à effectuer des 'études épidémiologiques. Toutefois,
il est très difficile de prouver l'existence d'un lien car de nombreux
facteurs différents entrent en ligne de compte. Un des plus importants
parmi ceux-ci est le tabagisme (la fumée de cigarette est elle-même
une source de benzène dans l'air). Un moyen utilisé pour surmonter
ces problèmes est de considérer qu'il existe une relation linéaire
entre l'exposition et l'effet. A une concentration de 1 µg/m³
de benzène dans l'air, le risque à vie de leucémie est
estimé à 4x106. Ceci signifie que quatre personnes sur un million
contracteront une leucémie suite à l'exposition aux niveaux
de benzène dans l'air, bien que le monitorage effectué par
le Conseil municipal de Sheffield dans une zone piétonne donne à
penser que les niveaux pourraient se situer entre 20 et 30 µg/m³
pendant les mois très chauds de l'été. Les niveaux de
benzène sont plus élevés en été parce
que l'augmentation de la température augmente les pertes par évaporation
et que les voitures sont plus utilisées en été, ce qui
entraîne une augmentation de la consommation de carburant.
L'Organisation mondiale de la santé a conclu qu'il lui était
impossible de recommander une concentration sécuritaire de benzène
dans l'air car cette substance est cancérogène pour les êtres
humains et qu'il n'existe pas de niveau sécuritaire connu. Etant
donné l'incertitude concernant les risques du benzène pour
la santé, il serait prudent de restreindre de manière générale
l'exposition du public à cette substance, en particulier parce que
les techniques antipollution permettant de réduire les émissions
de benzène réduiront également la concentration des
autres hydrocarbures et que cette technologie existe.
Le monoxyde de carbone, qui est un autre des produits d'une
combustion incomplète, est l'une des substances les plus directement
toxiques émises par les véhicules à moteur.
Il nuit à la santé humaine en affaiblissant le pouvoir oxyphorique
du sang, ce qui entraîne des troubles de la perception et de la pensée,
un ralentissement des réflexes et une somnolence. Il peut aussi augmenter
la fréquence des maux de tête et affecte les systèmes
nerveux et cardiovasculaire.
Le monoxyde de carbone joue un rôle important dans la chimie de l'atmosphère.
Lorsque les concentrations augmentent, les concentrations de radicaux hydroxyles
diminuent, ce qui provoque l'accumulation d'autres gaz à l'état
de traces, comme le méthane. Ce dernier est un puissant gaz à
effet de serre et les émissions de monoxyde de carbone contribuent
donc indirectement à l'effet de serre. Les véhicules routiers
sont à l'origine de 85 pour-cent de l'ensemble des émissions
de monoxyde de carbone.
Les particules résultent de la combustion incomplète
du carburant et constituent un problème particulier de la combustion
du carburant diesel. Il s'agit principalement de fines particules de carbone
capables d'absorber des substances chimiques potentiellement dangereuses.
Dans les grandes villes comme Londres, les véhicules diesel sont
devenus la source principale de particules, supplantant désormais
les foyers domestiques ; on estime qu'aujourd'hui ces véhicules peuvent
être responsables de 90% des fumées noires. Toutefois, les
concentrations de particules dans l'air urbain sont aujourd'hui nettement
inférieures à ce qu'elles étaient avant l'introduction
des zones sans fumées instaurées par le Clean Air Act (Loi
sur la lutte contre la pollution atmosphérique) de 1956.
Les particules dans l'air peuvent aggraver des maladies telles que la bronchite
et l'asthme. L'aspect le plus inquiétant peut-être des émissions
de particules par les moteurs diesel est que celles-ci peuvent être
vecteurs d'agents cancérogènes, notamment les hydrocarbures
aromatiques polycycliques (HAP).
L'un des effets les plus immédiatement visibles de la pollution
de l'air dans les villes est la salissure des bâtiments. Les moteurs
diesel émettent de fines particules huileuses noires qui ont un effet
salissant supérieur à celui des particules provenant d'autres
sources. Bien qu'il ne soit pas aisé d'évaluer avec précision
les effets salissants de différents types de fumée, il a été
estimé que la fumée du diesel a un effet salissant trois fois
supérieur à celui de la fumée de la combustion du charbon
et sept fois supérieur à celui de la fumée provenant
des véhicules à essence. La salissure des bâtiments
entraîne un coût économique considérable et constitue
également une calamité publique.
Plusieurs centaines d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont
été détectés dans l'air, mais le mieux connu est
le benzo(a)pyrène.
Certains de ces composés sont des agents cancérogènes
connus et, d'après l'Organisation mondiale de la santé, "en
raison de leur cancérogénicité, il ne peut être
recommandé aucun niveau sécuritaire de HAP". Les HAP se retrouvent
généralement sur les particules provenant de la combustion
incomplète des combustibles fossiles. Lors de certaines études
sur des animaux, il a été prouvé que les émissions
des véhicules, en particulier celles des moteurs diesel, sont mutagènes
et provoquent des tumeurs. Les résultats d'études épidémiologiques
récentes ont fait conclure à des experts de la santé
aux USA qu'il existe un risque accru de cancer lors de l'exposition professionnelle
aux particules émises par les moteurs diesel.
Le public attribue en grande partie au trafic routier les nuisances olfactives
subies dans les zones urbaines, en particulier dans les grandes villes.
Il existe deux sources principales d'odeurs : le carburant imbrûlé
et les produits de sa dégradation thermique, principalement les nombreux
hydrocarbures et certains composés azotés et sulfurés.
Les aldéhydes sont un autre groupe de substances
chimiques émises par les véhicules par suite de la combustion
incomplète des carburants. Les aldéhydes sont des gaz incolores
à l'odeur âcre qui contribuent à la nuisance olfactive
dont il vient d'être question. Les aldéhydes peuvent également
nuire à la santé humaine. Par exemple, l'un des aldéhydes
les plus répandus, le formaldéhyde, peut provoquer une irritation
des yeux, du nez et de la gorge, ainsi que des larmoiements, des éternuements,
de la toux, de la nausée et des difficultés respiratoires.
Les enfants y sont plus sensibles que les adultes. La preuve
est faite aujourd'hui que les aldéhydes sont cancérogènes
pour l'être humain. Ces substances contribuent également à
la formation de l'ozone troposphérique.
Le dioxyde de soufre est produit par la combustion de combustibles
fossiles contenant du soufre. Les véhicules à moteur ne sont
pas une source importante de dioxyde de soufre au niveau national ou international,
et, d'après les estimations, ils ne produisent qu'1 pour-cent de
toutes les émissions de dioxyde de soufre au Royaume-Uni. Toutefois,
les émissions de dioxyde de soufre étant produites au niveau
du sol, elles peuvent provoquer un problème local aux abords des routes.
Les émissions de dioxyde de soufre sont déterminées
par la teneur en soufre du carburant. Le carburant diesel est le seul qui
ait une teneur significative en soufre. Un inventaire des substances polluantes
effectué par les Services scientifiques de Londres indique qu'environ
8 pour-cent des émissions de dioxyde de soufre dans la zone du Grand
Londres proviennent du trafic, principalement des véhicules diesel.
De hautes concentrations de dioxyde de soufre peuvent provoquer des problèmes
respiratoires, notamment chez les personnes qui souffrent déjà
d'asthme et de bronchite. Les effets plus graves sur la santé se
manifestent lorsque la présence de dioxyde de soufre est associée
à des niveaux élevés de particules.
Le dioxyde de soufre endommage également de nombreux matériaux
et ses effets se remarquent principalement sur les bâtiments anciens
en pierre et les statues. Il peut aussi nuire à la croissance des
plantes. Le dioxyde de soufre est une des causes principales des pluies acides
et il nuit à la vie aquatique dans les rivières et les lacs
dans beaucoup de régions du monde dont les écosystèmes
sont fragiles.
Le dioxyde de carbone est le principal gaz à effet
de serre. D'après les estimations, il contribue pour 50 pour-cent
au réchauffement du globe. Ce gaz, qui était auparavant considéré
comme inoffensif pour l'environnement, contribue aujourd'hui à la
plus grande menace qui pèse sur notre planète. Il a été
prévu qu'en l'absence d'amélioration importante des économies
de carburant, le dioxyde de carbone provenant du trafic pourrait doubler
d'ici la fin du siècle. Par ailleurs, de nombreuses et récentes
conférences internationales ont exprimé la nécessité
d'éliminer, ou du moins de stabiliser, les émissions de dioxyde
de carbone au niveau minimum, et ceci le plus rapidement possible .
La quantité de dioxyde de carbone émise est directement liée
à la teneur en carbone du carburant, ainsi qu'à la quantité
de carburant brûlé. Il n'existe pas de techniques de rattrapage
pour réduire les émissions de dioxyde de carbone par les échappements
des véhicules. Le seul moyen consiste à réduire la
quantité de carburant utilisée.